Une sexualité safe et végane, ma vision des choses

Parlons bien et parlons cul ! Oui, aujourd’hui je vais vous parler de sexualité. En effet, depuis que je me déconstruis vis à vis des schémas oppressifs présents au sein de notre société, j’ai réalisé que le rapport au sexe d’une grande partie de la population est très paradoxal. De toutes parts nous sommes envahis par des images et des injonctions à la sexualité au travers de corps – souvent féminins – dénudés et sexualisés. Et d’autres parts, la sexualité dans ce qu’elle a de plus concret est tabou, voire honteuse. Durant ma scolarité, les cours d’éducation sexuelle se concentraient sur la procréation et les outils de contraception – ce qui est bien en soit – sans évoquer le rapport aux corps qu’on entretient avec soi et avec ses partenaires. Et bien évidemment sans parler du plus important : le consentement.

Qu’est-ce qui découle de tout ça ?

  • La femme est réduite à un objet purement sexuel dont la vocation est de plaire et de séduire les hommes.
  • Une femme qui prend en main sa sexualité est jugée sale, indigne. La sexualité féminine est jugée dégradante.
  • La contraception est une affaire de femme, la grande majorité des contraceptifs étant destinés aux femmes.
  • L’homme doit être compétitif et performant. Il est acteur de sa sexualité.
  • L’homme se valorise avec le nombre de ses expériences sexuelles.
  • La sexualité « normale » et valorisée est une affaire hétérosexuelle, donc exit les sexualités homosexuelles, bisexuelles et aussi la non sexualité (j’y reviendrai).

Je vous parlerai essentiellement de femmes et d’hommes cisgenres. Une personne cisgenre est une personne dont le genre correspond au sexe (H ou F) qui lui a été attribué à sa naissance : le bébé dispose d’un pénis, c’est un homme, le bébé a une vulve, c’est une femme. Bien évidemment, il existe des hommes avec des vulves et des femmes avec des pénis, des personnes se considérant ni homme ni femme, donc qui ne se définissent pas en fonction de leur sexe biologique mais en fonction de leur identité de genre, autrement dit des personnes transgenres.

La sexualité « mainstream » ou grand public met donc en avant des rapports hétérosexuels entre des hommes et des femmes cisgenres, ignorant ainsi une partie de la population qui a aussi une vie sexuelle. Me considérant femme cisgenre et hétérosexuelle, je donc suis plus disposée à vous parler de ce type de sexualité. Je pourrai aller beaucoup plus loin en évoquant également la notion de non binarité, ce qui n’est pas le propos de mon article. Si cela vous intéresse, je vous invite à découvrir cette vidéo.

Une infographie simplifiée à propos des identités de genre, du sexe biologique et des orientations sexuelles.

Tout cela pour dire que la sexualité telle qu’elle nous est généralement proposée à l’heure actuelle est loin d’être réaliste et bienveillante tout en rejetant et excluant une grande partie des êtres humains.

 

Une sexualité safe, qu’est-ce que c’est ?

A terme, je souhaiterais que sexualité rime avec sexualité safe. Malheureusement nous savons que c’est loin d’être le cas. Selon moi une sexualité safe est une sexualité bienveillante où le consentement de chaque partenaire est pris en compte. C’est aussi une sexualité choisie, avec ses pratiques qu’elles soient « courantes » ou décalées. C’est une sexualitéchacun décide de ce qu’iel veut recevoir, donner et ressentir. Il n’y a pas de mode d’emploi de la sexualité, tant que celle-ci se fait avec le consentement et le respect de chacun.e, dans un cadre non oppressant.

Cela pourrait paraître évident pour certains, mais il y a encore des personnes qui estiment ne pas avoir leur mot à dire. De plus pour beaucoup de gens, ce qui était mon cas plus jeune, on pense qu’il est important que débuter rapidement une vie sexuelle, qu’une pénétration équivaut à un rapport sexuel, que les « préliminaires » ne sont que la phase préparatoire, que l’éjaculation est la fin du rapport, qu’il faut à tout prix atteindre l’orgasme et j’en passe. Ces idées sont fausses et ne représentent aucunement ce qu’est le sexe.

Alors le sexe, kesskecé ?

Je vous dirai que c’est simplement ce que vous souhaitez que cela soit, ce qui vous fait du bien à vous et à vos partenaires. Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises positions, des pratiques a absolument exécuter ! Le sexe a de multiple facettes, il est synonyme de plaisir, d’écoute, d’amour, d’échange, de passion. La procréation n’est qu’un pan de la sexualité, ce n’est pas sa finalité. Et on peut même faire du sexe seul.e, la masturbation est aussi une autre manière d’aborder sa sexualité et de ressentir du plaisir.

Tous les plaisirs sont bons…

Ma vision de la sexualité continue toujours d’évoluer. Je découvre au fil du temps que telle ou telle pratique m’attire ou me rebute. Il n’y a pas vraiment d’âge pour apprendre. Il s’avère que j’aurais aimé avoir quelques ressources plus tôt, elles m’auraient beaucoup aidée à accepter mon corps et ma sexualité. Je vous partage des sites et des contenus qui vous seront utiles et que je vous invite à partager au plus grand nombre, éventuellement quelques uns aux plus jeunes. J’estime que leur approche de la sexualité est très instructive et bienveillante :

  • Sexy SouciS, le gougle du cul : une mine d’or de questions-réponses relatives à la sexualité autant sur les pratiques, la santé et également les identités sexuelles, le tout avec compréhension, écoute et bienveillance. Fort de son succès, et du flot de questions sous lesquelles ploie la créatrice du site, il n’est pour l’instant plus possible d’envoyer des questions. Malgré cela, le contenu est riche, vous devriez facilement pouvoir trouver réponse à vos questions.
  • La chaîne YouTube de Clemety Jane : que je l’aime cette chaîne. C’est même grâce aux vidéos de Clemety Jane que je retourne de temps à autres sur YouTube. S’agissant en grande partie de reviews de sextoys (attention les porte-feuilles), les vidéos tendent désormais vers une approche féminisme et pro-sexe.
  • 69 Désirs : si vous avez bien suivi mes dernières publications, vous avez déjà pu lire ce nom dans mon dernier Liebster Awards. Ici le contenu est plus explicite, vous trouverez principalement des tests et avis sur des sextoys, et des retours d’expériences. Mention + de 18 ans pour ce blog.
  • Gyn&co : une liste en ligne de soignant.e.s féministes et safe. Le site est inclusif et pro LGBTQ+ c’est à dire qu’il prend également en compte toutes les sexualités et les genres, afin que chacun.e puisse trouver un.e soignant.e ayant une approche médicale respectueuse. Un très bon outil si vous rencontrez des difficultés d’écoute et de soutien auprès d’un.e médecin.
  • Pour terminer voici deux autres chaînes proposant des vidéos didactiques sur la sexualité, malheureusement leurs créatrices ne sont pas intervenues sur les interwebs depuis longtemps. Il s’agit de La science du cul et Vénérable Mia.

Cette liste est loin d’être exhaustive, je suis ouverte à vos propositions. J’estime que ces contenus viennent en complément des sites « institutionnels » déjà existants traitant en outre de la contraception ou de l’IVG. En parlant de cette dernière, il est important de noter qu’il existe des sites peu scrupuleux dont les informations sont loin d’être objectives. Soyez vigilante.s.

 

Et le véganisme dans tout ça ?

Il s’avère qu’à l’époque où je me suis considérée comme féministe, j’ai également décidé de devenir végane. En outre, la prise en compte des multiples systèmes de domination existants m’a amenée à revoir mon comportement. Pour moi, tout est lié car certains schémas d’oppression reprennent les mêmes codes. Il n’est pas possible de supprimer une seule domination. Et il n’y a pas de causes plus importantes que d’autres. Je pourrais donc me définir comme féministe intersectionnelle quoique l’outil de l’intersectionnalité ne prenne pas en compte le spécisme. Tout cela pour dire qu’il ne m’est pas envisageable d’être seulement féministe ou afro-féministe ou végane ou anti-spéciste ou anti-fascite ou anti-raciste ou écolo et j’en passe. Bien sûr, il n’est guère possible de combattre tout à la fois. Pour autant j’essaye d’être le plus proche de mes valeurs, ce qui m’a amenée à me questionner sur une sexualité végane.

Qu’est-ce que serait une sexualité végane ?

Pour moi, c’est bien évidemment un sexualité bienveillante. Les véganes et anti-spécistes sont pour le respect et la considération de tous les êtres vivants, animaux humains compris ! Concrètement, un.e végane prendra en compte le consentement de ses partenaires et prendra soin d’utiliser des jouets et contraceptions véganes. Je pense notamment aux préservatifs et lubrifiants véganes, que j’ai pu me procurer. Voici un article disponible sur le site du Tofu te parle, qui explique en quoi les préservatifs classiques ne sont pas véganes. Et grâce au blog de 69 Désirs cité plus haut, j’ai découvert l’existence de lubrifiants véganes !

Si vous êtes utilisateur ou utilisatrice de sextoys, je ne pourrai pas vous conseiller autre chose que d’éviter les accessoires en cuir ou en toute autre matière d’origine animale. Au fil de mes pérégrinations sur les interwebs, je suis tombée sur 2 marques américaines proposant une gamme d’accessoires BDSM véganes (liens NSFW les loulous) : Vondage et Vegan Boundary. Je suis heureuse de voir que la problématique de sexualité végane a été prise en compte. Pour ce qui est des sextoys, malheureusement il n’est pas toujours possible de connaître précisément l’origine des autres matériaux utilisés dans leur confection. Au pire, pour éviter toute déconvenue, vous pouvez vous tourner vers le bois (oui les sextoys en bois, ça existe).

 

Il n’y a pas que le sexe dans la vie

Il me semblait important de vous parler aussi de l’asexualité. En effet, comme expliqué en introduction, nous vivons entouré.e.s d’injonctions à la sexualité, à tel point qu’il est mal vu de ne pas avoir une vie sexuelle. Les termes de mauvais goût fleurissent pour désigner les personnes qui n’ont jamais eu et/ou n’ont pas de vie sexuelle. Pourtant, une vie sexuelle n’est pas nécessaire ni vitale.

Certaines personnes désirent ne pas avoir de rapports sexuels, d’autres n’en ressentent pas le besoin et c’est très bien comme ça. Bref chacun.e fait comme il veut, comme nous le rappelle le magazine Simonæ (lisez cet article, il est important !).


 

Finalement, cet article que je souhaitais rédiger depuis quelques temps aura pris une tournure différente de ce que j’attendais. Je suis plus intervenue sur les corrélations entre les différents systèmes de domination et sur les réflexions qui m’ont permise d’avoir une vision plus réaliste et favorable sur la sexualité. Et cela me donne envie de vous parler lors de prochaines chroniques du féminisme pro-sexe et même de pornographie ! Oui vous avez bien lu 😉 et cela n’a absolument rien de dégradant.

En attendant, écoutez-vous et faites-vous du bien !

Saoyiste

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